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Pour appréhender ce thème des chemins de la puissance des Etats-Unis : ils ont fait le choix d’une approche thématique. Il s’agit de s’interroger avec les élèves sur les caractéristiques et les limites de la puissance des Etats-Unisdans le monde à travers une lecture géohistorique de leur Hard Power et de leur Soft Power en jouant sur les temporalités et sur les échelles. Leur mise en œuvre s’articule en 4 temps : 1. Les moments-clefs de la puissance de 1918 à nos jours 2. Les instruments de la puissance : les interventions militaires 3. La puissance économique des Etats-Unis et le monde 4. Les instruments de la puissance : le soft power   1. Les moments-clefs de la puissance de 1918 à nos jours  Julien Ebersold et Christophe Marchand analysent en classe l’éditorial de la revue L’Empire américain du Big Stick au Soft Power (Collection de l’Histoire, 2012) pour amener les élèves à décrypter plusieurs citations pour identifier les grandes dates de l’histoire de la puissance des Etats-Unis auxquelles l’auteur fait allusion. Cette démarche permet de poser avec les élèves les grandes étapes de la puissance des Etats-Unis tout en s’appuyant sur les acquis du programme de Premières (économie mondiale dominée par les Etats-Unis, guerres mondiales, guerre froide, nouvelles conflictualités ...). Ce préalable est indispensable pour appréhender ce thème de manière thématique. Ils proposent en guise de synthèse de cette activité un tableau caractérisant la construction de la puissance états-unienne et une chronologie associant les événements-clés avec les évolutions de cette puissance.  Créé par Julien Ebersold Haut   2. Les instruments de la puissance : les interventions militaires  Il s’agit dans ce deuxième chapitre d’entraîner les élèves au fichage d’un article scientifique, exercice assez classique du post-bac. Dans le cas présent, ils font travailler les élèves sur l’article de Bruno Cabanes  « Soldats de la liberté : Pourquoi se battent-ils ? » dans (Les Collections de l’Histoire  août 2012). L’article doit être photocopié pour que les élèves puissent le travailler individuellement ou en groupe. Le cours a été construit autour de capacités de telle sorte que les élèves découvrent les différentes étapes qui permettent de ficher l’article de manière efficace et rationnelle : savoir référencer l’article, repérer les informations clés, s’interroger sur la source et l’auteur, cerner la problématique de l’article, établir le plan de l’article et résumer les idées essentielles et les illustrations factuelles, et exercer son esprit critique sur la thèse défendue par l’auteur. Pour donner un modèle aux élèves, la première partie de l’article « I. De la Première à la Seconde guerre mondiale : l’installation d’une culture de guerre »  a été fiché par les enseignants. Ils proposent ensuite de laisser les élèves ficher en autonomie les trois autres parties : « II. Une armée traversée par des inégalités qui reflètent la société américaine », « III. Le tournant de la guerre froide et le traumatisme du Vietnam » et « IV. Les évolutions actuelles : vers des interventions militaires privatisées ? ». Les élèves doivent utiliser le contenu de l’article mais aussi la riche iconographie proposée par la revue L’Histoire. Par ce biais, on peut amener les élèves à d’aborder le Hard Power américain sous l’angle de l’expérience combattante et des motivations des soldats américains mais aussi de s’interroger sur les éléments qui expliquent pourquoi les Américains prétendent intervenir militairement dans le monde au nom de valeurs morales. En toile de fond, on questionne la situation d’enlisement militaire américain et les remises en cause de l’interventionnisme des Etats-Unis.  Haut   3. La puissance économique des Etats-Unis et le monde  Julien Ebersold et Christophe Marchand proposent dans leur 3e chapitre d’aborder les moments-clefs qui depuis 1918 montrent que l’économie américaine est intimement liée au reste du monde. Il ne s’agit pas de revenir sur la place des Etats-Unis dans la mondialisation, thème qui a été remobilisé dans le 1er chapitre et qui a déjà été étudié en Premières. Ils orientent leur séquence autour de trois moments qui reflètent l’articulation entre l’économie mondiale et la puissance économique des Etats-Unis : Des Etats-unis à une crise mondialisée : la crise de 1929 et des années 1930. Il s’agit de revenir sur les causes et la diffusion de la crise dans le monde par un organigramme. Le plan Marshall et les années d’après-guerre. C’est le moment fondateur de l’affirmation de la puissance économique mondiale des Etats-Unis et de son rôle leader dans la mondialisation jusqu’à la crise mondiale actuelle. Les formateurs proposent de mener une analyse critique d’affiches de propagande pro et anti-plan Marshall. La crise des subprimes et la remise en cause de l’économie américaine triomphante. Il s’agit de montrer en quoi la crise des subprimes a contribué à remettre en question le système financier, le modèle de croissance économique des années 1990 et le modèle de société américain. Il utilise un film d’animation créé par Rue89 afin de faire comprendre aux élèves les fondamentaux de cette crise et font construire un organigramme aux élèves montrant les répercussions de la crise des subprimes aux Etats-Unis et dans le monde.   Créé par Christophe Marchand et Julien Ebersold Haut   4. Les instruments de la puissance : le soft power  Julien Ebersold et Christophe Marchand proposent d’aborder l’attractivité culturelle des Etats-Unis comme une composante de leur puissance en 3 temps : « L’exemple du cinéma américain » à partir d’un travail de fichage d’un second article portant sur « Hollywood : les dessous du rêve américain » écrit par Yannick Déhée (Collections de l’Histoire, août 2012). Ils proposent ensuite en classe une évaluation portant sur leur travail sous la forme d’un plan détaillé. La correction constitue le cours.« Les auteurs vecteurs de l’influence américaine »« Un Soft Power contesté : l’antiaméricanisme » à travers l’étude d’une œuvre de Fougeron, La civilisation atlantique, datant de 1953. Les élèves ayant déjà travaillé sur l’antiaméricanisme dans le Proche et Moyen Orient, on peut faire le choix d’une autre approche pour aborder la contestation du modèle culturel des Etats-Unis. Civilisation atlantique, Fougeron, 1953 (conservé au Tate Museum de Londres)

L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France La Seconde Guerre mondiale a constitué un temps d'épreuves pour la France : défaite de 1940, occupation allemande, régime de Vichy et collaboration avec l'Allemagne, participation à la politique génocidaire des nazis. C'est aussi une période où des Français ont combattu pour les valeurs de liberté et de démocratie : le général de Gaulle et tous les combattants français au côté des Alliés et dans la Résistance. La mémoire de cette époque troublée est complexe. Le travail des historiens consiste donc à mieux comprendre comment s'organisent ces mémoires, tant individuelles que collectives.Comment les historiens ont-ils contribué à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France ? 1. Le temps des mémoires officielles (de 1945 aux années 1970) Du lendemain de la guerre jusqu'aux années 1970, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale est liée au pouvoir et aux engagements politiques. La plupart des historiens, qui ne disposent pas encore de toutes les sources historiques, appuient ces thèses. La France combattante : une lecture gaulliste de la guerre • Une période refouléeEn 1945, la plupart des Français souhaite oublier les difficultés liées à l'Occupation. Après la période d'épuration (10 000 morts), la question de la mémoire et des responsabilités est rapidement remplacée par l'urgence de la reconstruction. Des lois d'amnistie sont votées dès 1947. En 1953, l'une d'entre elles vise les Alsaciens enrôlés de force dans l'armée allemande (les « malgré-nous ») qui ont participé au massacre de 642 civils à Oradour-sur-Glane en 1944. • Une lecture officielleLe général de Gaulle, qui est au pouvoir jusqu'en 1946 puis à nouveau à partir de 1958, et dont l'influence reste prépondérante, donne une lecture de la guerre qui est admise par la plupart des partis de la droite et du centre. Selon cette lecture, le régime de Vichy est une parenthèse dans l'histoire de la République. La France libre a combattu du côté des Alliés et contribué, avec la Résistance intérieure, à la libération du pays. • Des lieux de mémoire officielsDes lieux de mémoire sont constitués. Au mont Valérien, un imposant mémorial est édifié en 1960 pour commémorer les otages qui y furent fusillés.Exercice n°1 La mémoire communiste : une lecture partisane • La construction d'une mémoire communisteContre cette mémoire gaulliste, une autre mémoire se constitue, celle du Parti communiste français. Ce dernier s'autoproclame « parti des 75 000 fusillés », chiffre manifestement faux, mais alors invérifiable par les historiens (qui ont conclu ensuite à un total de 10 000 fusillés, communistes ou non). Des héros communistes résistants sont valorisés. • Une mémoire instrumentaliséeLe PCF cherche à faire oublier qu'il n'entre en Résistance que lorsqu'Hitler attaque l'URSS en 1941 et à attirer à lui davantage de voix. L'occultation des déchirures • Les difficultés à comprendre et reconnaître le génocideFace à ces mémoires officielles, les anciens déportés ne sont pas pris en compte comme victimes d'une politique de génocide. La déportation est vue comme un tout, certes abominable, mais dans lequel la volonté d'extermination de certains groupes d'hommes (juifs, tziganes, homosexuels) n'apparaît pas spécifiquement. Le premier film sur le sujet, Nuit et Brouillard, réalisé en 1955, s'inscrit dans cette logique, même s'il a l'immense mérite de diffuser auprès du grand public l'univers concentrationnaire. Par ailleurs, le rôle des autorités françaises dans la déportation est censuré dans le film.Exercice n°2 • Des lectures orientées du régime de VichyDès le début des années 1950, certains intellectuels tentent de minimiser le rôle du régime de Vichy et de réhabiliter le maréchal Pétain, condamné dès 1945. C'est le cas de Robert Aron, avec Histoire de Vichy en 1954, qui développe l'idée que Pétain a fait ce qu'il a pu pour adoucir le sort des Français. Pour d'autres, il aurait été « le bouclier » du pays et De Gaulle, son « épée », pour montrer que tous deux ont pu défendre, à leur façon, le pays. 2. Nouvelles mémoires, nouvelles lectures historiques depuis les années 1970 Le nouveau contexte de liberté qui suit mai 1968 et l'affirmation d'une nouvelle génération de chercheurs changent le rapport entre historiens et Seconde Guerre mondiale. L'affirmation de la mémoire de la Shoah • Recherche historique et prise de conscienceDepuis le début des années 1960, l'idée que la Shoah est un événement spécifique, dont ont été victimes les juifs, s'affirme. Des historiens commencent à travailler pour établir des chiffres et reconnaître des responsabilités. Les déportés organisent leurs mémoires, les historiens collectent des témoignages. • L'engagement pour rechercher les responsablesEn 1961, un des responsables de la Shoah, Adolf Eichmann, est arrêté et jugé en Israël. Cela montre que la mémoire et la justice peuvent être connectées et que les témoignages sont fondamentaux pour le travail de mémoire. • La diffusion de la mémoire de la ShoahL'horreur de la Shoah est alors largement portée à la connaissance du public grâce à des films commeLe Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls en 1971, puis Holocaust de Marvin J. Chomsky en 1979 etShoah de Claude Lanzmann (1985), constitué de neuf heures de témoignages. Cette affirmation est aussi une réponse aux publications négationnistes – historiquement infondées –, réfutant l'existence de la Shoah, qui se sont développées depuis les années 1970, comme celles de Robert Faurisson.Exercice n°3 Une nouvelle lecture du régime de Vichy • Une nouvelle lecture de la collaborationLes historiens anglo-saxons accèdent au début des années 1970 aux sources historiques qui leur permettent de donner une nouvelle lecture de Vichy. Robert Paxton publie en 1973 La France de Vichy, ouvrage dans lequel il montre que la collaboration a été voulue par Pétain et que les lois antisémites adoptées l'ont été sans que l'Allemagne ne les exige spécifiquement. On réalise que les autorités françaises ont participé à la Shoah. • Une approche nouvelle de la nature du régimePar ailleurs, la « Révolution nationale » entreprise par le maréchal Pétain est interprétée comme une dérive autoritaire proche, par certains aspects, des régimes fascistes. • La découverte d'une France peu engagéeLes historiens montrent que collaborationnistes comme résistants engagés ont constitué une minorité de Français, la majorité étant attentiste et cherchant à assurer sa survie dans un contexte difficile. 3. Une mémoire, des mémoires : l'État et l'histoire de la Seconde Guerre mondiale depuis les années 1970 Les nouveaux travaux des historiens, évoqués plus haut, et leur impact sur les acteurs encore vivants de la période ou sur leurs héritiers conduisent les autorités à changer leur rapport à la mémoire. Justice et mémoire : des grands procès qui montrent les progrès du travail de mémoire • Le cas Paul TouvierEn 1971, le président Georges Pompidou amnistie Paul Touvier, chef de la milice à Lyon. Il justifie cela par la volonté d'oublier ces temps troublés. Bien au contraire, cela stimule des hommes comme l'avocat Serge Klarsfeld, qui entend faire justice aux victimes de la Shoah. Paul Touvier est finalement condamné en 1994. C'est le premier Français condamné pour crime contre l'humanité. • Le procès de Klaus BarbieEn 1987, le procès de ce chef de la Gestapo à Lyon a été entièrement filmé pour servir de témoignage historique. • L'affaire Maurice PaponLa condamnation en 1997 de cet ancien fonctionnaire responsable de la déportation des juifs de Bordeaux est l'occasion de poursuivre le travail de mémoire.Exercice n°4 Mémoire et commémoration : entretenir le souvenir • Reconnaître la diversité des mémoiresDans les années 1990 et 2000, la spécificité des différentes mémoires est portée par des travaux historiques montrant la participation à la guerre de différents groupes, comme les combattants issus de l'empire colonial. • Commémorer les engagementsTous ces éléments divers font progressivement l'objet de commémorations portées par la République. Ainsi, outre le 8 Mai, devenu jour férié de façon définitive en 1981, il existe désormais quatre autres jours de commémoration (non fériés) d'événements liés à la guerre.Exercice n°5 Mémoire et responsabilité : affirmer les responsabilités • Vers la reconnaissance des responsabilitésLa prise en compte des responsabilités s'est effectuée par étapes. En 1981, le président François Mitterrand ne souhaitait pas que la République assume les crimes commis par le régime de Vichy. Jacques Chirac accepte cette reconnaissance officielle en 1995, à condition que soient aussi évoqués l'engagement des « justes » français et des résistants. • Les lois mémoriellesEn outre, le travail des historiens doit s'inscrire dans le cadre de lois mémorielles, comme la loi Gayssot de 1990, interdisant la négation de l'existence de la politique d'extermination nazie. Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France montrent donc comment l'historien contribue à un travail collectif visant à comprendre le passé et à en assumer l'héritage, quel que soit son poids.

La Chine et le monde depuis 1949 Voir : Jean-Christophe Delmas, histoire-géographie LMA, 2012-2013ATTENTION, après allègement des programmes par le CSE, la partie de restant au programme ne commence qu’en 1949. La première partie, importante, mais devenue hors programme est signalée en italiques.La montée en puissance de la Chine depuis les années 1980 est marquée par une évolution originale, passant d’une situation de sous-développement économique et de mise sous tutelle politique à une position économique et politique de premier plan.Trois étapes sur le « chemin de la puissance » peuvent être identifiées.La première moitié du XXe siècle est placée sous le signe de la dépendance vis à vis des puissances étrangères et de guerre civile, mais cette situation, issue du XIXe siècle n’est plus acceptée par les Chinois.1949 marque le début d’une nouvelle étape, caractérisée par la construction d’un État communiste totalitaire et par une quête de puissance, dont les résultats sont anéantis par les politiques désastreuses menées par Mao.La mort de Mao, en 1976, ouvre un troisième chapitre dans l’histoire de la Chine au XXe siècle. En une trentaine d’années, elle acquiert un statut de puissance économique et financière de premier plan qui lui permet de prétendre à une plus grande influence politique sur la scène internationale.Rappels : de l’apogée à la domination étrangèreAu cours des siècles passés, la Chine a connu un niveau de développement comparable et même souvent supérieur à celui de l’Occident. Par exemple, sa part dans le PIB mondial a oscillé entre 1/4 et 1/3 du début de notre ère jusqu’au début du XIXe siècle. Elle a atteint l’apogée de sa puissance au cours du XVIIe siècle, sous la dynastie mandchoue des Qing, quand elle a acquis une vaste sphère d’influence en Asie centrale, en Asie du sud-est, en Corée. Cependant au cours du XVIIIe siècle, la rapide croissance de la population, la sclérose politique et sociale, le repli du pays sur lui-même ont nuit à son développement. La Chine n’a pas connu de révolution scientifique, industrielle, ni de modernisation de l’Etat et de son armée. Les occidentaux, et en particulier les Anglais, qui réclamaient une plus grande ouverture de la Chine à leur commerce, et à leur opium, intervinrent brutalement lors des guerres de l’opium (en 1842 puis à nouveau en 1858-1860) et obtinrent des traités très favorables, les « traités inégaux » qui perdurèrent jusqu’en 1943 : la Chine ouvrait des ports, appliquait des tarifs douaniers modérés, reconnaissait un statut d’extraterritorialité à certaines concessions, placées sous l’autorité de consuls étrangers, et cédait certains territoires à bail (Hong-Kong) La défaite face au Japon, en 1895, qui s’emparait de la Corée, de Formose et d’autres territoires chinois était vécue comme une terrible humiliation et l’annonce de la « ruée » des étrangers pour dépecer le pays (« breakup of China » – dislocation – en Chinois « partage du melon ») : Allemands, Français, Anglais, Russes, s’emparaient de portions de l’empire, se faisaient concéder la construction de chemins de fers, l’exploitation de mines, le prélèvement des impôts.Le gouvernement impérial était cependant très affaibli et en 1911 une rébellion militaire déclencha un mouvement de sécession des provinces et à la proclamation, par Sun Yat-sen d’un gouvernement provisoire républicain. Le dernier empereur, Puyi, abdiqua.Cependant, Sun Yat-sen n’avait pas de soutien populaire et du céder le pouvoir au général Yuan Shikai qui, soutenu par les occidentaux, établit un pouvoir dictatorial et essaya de restaurer l’empire à son profit avant de mourir en 1916.La Chine est entrée en guerre du côté des Alliés en 1917, en espérant récupérer le Shandong allemand. Au cours de la conférence de la paix de 1919, à Paris, les vainqueurs donnent pourtant satisfaction aux Japonais, et le gouvernement chinois, dominé par des seigneurs pro- japonais, laisse faire, en échange d’un prêt nippon.Cela provoque une manifestation de protestation à Pékin le 4 mai 1919 ; 3 000 étudiants se réunissent devant la porte Tian’anmen et manifestent dans la ville. La répression gouvernementale fait un mort et 32 arrestations. L’opposition réplique par des grèves à Pékin et Shanghai, le boycott des produits japonais. Après l’arrestation de Chen Duxiu les grèves se généralisent et concernent maintenant les étudiants mais aussi les ouvriers des grandes villes et la bourgeoisie commerçante et industrielle nationaliste.Ainsi est né le mouvement du 4 mai 1919 qui est un mouvement idéologique et politique nationaliste exigeant l’établissement d’une Chine nouvelle sur des valeurs nouvelles, modernes : les principaux slogans sont « refusons de signer les traités » et « À bas Confucius et compagnie »Ce mouvement obtient la démission du gouvernement, le refus de la Chine de signer le traité de Versailles le 28 juin 1919. En 1922 le Japon restituera le Shandong sous pression des États-Unis. Le mouvement du 4 mai 1919 est donc un tournant important. Cette année est considérée par les historiens chinois comme celle du passage de la période moderne à l’époque contemporaine.Sun Yat-sen fonde une nouvelle fois son parti, le Guomindang, le 8 juillet 1920. Son programme repose sur 3 principes :◦ Le nationalisme◦ La démocratie : une démocratie présidentielle de type américain est l’objectif à atteindre, mais pour cela il faudra passer par une phase de dictature militaire et de parti unique◦ Le bien-être du peuple (une sorte de socialisme accompagné de plans de développe- ment industriel grandioses)Les animateurs du mouvement du 4 mai (Chen Duxiu) sont en contact avec le Komintern et fondent en juillet 1921 le parti communiste chinois (PCC), dans la concession française de Shanghai ; ils lancent parallèlement un syndicat révolutionnaire. Moscou ayant choisi une tactique de coopération des mouvements nationalistes bourgeois et des partis communistes dans les pays colonisés ou dominés, le PCC et le Guomindang s’unissent en 1923. Les forces sont déséquilibrées : quelques centaines de communistes face à 50 000 nationalistes. L’URSS aide Sun Yat-sen à créer une académie militaire qui va être dirigée par un jeune officier passé par un stage à Moscou, Jiang Jieshi, secondé par un communistes, Zhou Enlai. Sun Yat-sen meurt le 12 mars 1925, et après sa disparition, le Guomindang est divisé entre une gauche assez proche des communistes et une droite favorable à la lutte nationaliste sans révolution.En 1926, Jiang Jieshi qui devient l’homme fort du parti nationaliste, s’écarte des communistes et lance une campagne militaire victorieuse contre les seigneurs de la guerre du nord. Le R-U est tellement impressionnée qu’elle rend sa concession de Wu- han, c’est une première depuis les Traités inégaux. Mais le but des nationalistes est Shanghai où les communistes organisent des grèves insurrectionnelles pour s’emparer de la ville avant l’arrive des troupes de Jiang Jieshi. Lorsqu’il entre dans la ville, il rassure les étrangers, les entrepreneurs, se rapproche de la pègre (la « bande verte ») et fait éliminer des milliers de communistes le 12 avril 1927 (5 000 morts) et rompt avec l’URSS ; simultanément le mouvement révolutionnaire qui s’était développé dans les campagnes est lui aussi écrasé.Jiang Jieshi qui a établi son gouvernement à Nankin, opère un retour en arrière conservateur qui stoppe le processus de modernisation. Il s’est tourné vers les forces du passé, en tournant le dos à l’héritage du mouvement du 4 mai. Il devient un seigneur de la guerre plus puissant que les autres qui proclame la fin de la guerre civile le 10 octobre 1928, dont l’armée, la police politique, les factions ultra- nationalistes ( » chemises bleues  » qui s’inspirent de Mussolini) contrôlent les provinces du bas Yangzi.Le Guomindang, épuré des communistes et de ses membres de gauche, devient un parti de militaires, de policiers et de fonctionnaires soucieux de leur carrière.Les paysans sont frappés par une fiscalité arbitraire, une crise agricole (baisse des prix, hausse du taux de l’usure) et la famine. Le parti n’est pas du tout implanté dans les campagnes qui restent dominées par les notables traditionnels.Dans la réalité, la guerre civile se poursuit, avec des trêves, les provinces périphériques sont indépendantes (Tibet) ou sous l’orbite des puissances voisines (URSS, Japon).Les premières insurrections urbaines des communistes (1927) sont des échecs et ils se retirent dans des territoires de l’intérieur (République soviétique du Jiangxi fondée en 1931 par Mao Zedong dans le sud-est du pays). L’Armée rouge, organisée par Mao et le général Lin Biao, compte 200 000 soldats et résiste par la guérilla aux « campagnes d’anéantissement » lancées chaque année par le Guomindang.Cependant, en 1934, la 5e campagne d’anéantissement est plus efficace et oblige les communistes à abandonner le Jiangxi pour fuir vers l’intérieur du pays puis le nord. C’est l’épisode de la Longue Marche (1934-1935), un parcours héroïque de 12 000 km, qui permet à Mao de prendre la tête incontestée du mouvement communiste. A partir de 1935 depuis leur bastion reculé de Yan’an, les communistes vont s’engager dans la lutte contre le Japon pour se doter d’une légitimité nationale.En aout 1935, le 7e congrès du Komintern engage tous les partis communistes à s’allier aux partis bourgeois pour lutter contre le fascisme. Le Kremlin veut une Chine assez forte pour contenir le Japon et mise sur Jiang Jieshi pour cette tâche. Après que celui-ci ait été séquestré par des membres de son entourage favorable à un front chinois uni contre les Japonais, il suspend la guerre contre les communistes (compromis de Xi’an) et ceux-ci sont intégrés au sein de l’armée du Guomindang.Le 7 juillet 1937, un incident au pont Marco Polo, près de Pékin, oppose des militaires japonais et chinois. Pendant l’été 1937 la guerre gagne toutes les régions littorales de la Chine.L’armée japonaise était numériquement inférieure (800 000 h face à 2 à 3 millions de Chinois) mais motorisée et dotée d’une force aérienne. En conséquence elle conquit rapidement les grandes villes : Pékin, Shanghai et Nankin, la capitale, où furent commis d’immenses massacres (de 100 000 à 200 000 civils et soldats désarmés) accompagnés de viols et de pillages.Le pays était dorénavant divisé en trois zones :◦ La Chine occupée à l’est (la Chine utile) avec des gouvernements collaborateurs séduits par le discours pan-asiatique des Japonais. En fait cette partie du pays est exploitée par les Japonais dans le cadre de leur « sphère de coprospérité ».◦ La Chine libre au sud-ouest. Le gouvernement de Jiang s’est réfugié à Chongqing, et pratique une stratégie attentiste tout en percevant une aide américaine. La corrup- tion est généralisée et touche l’entourage de Jiang, alors que les paysans sont frappés de taxes et de corvées et la famine (2 à 3 millions de morts). L’armée est mal com- mandée, ravitaillée et soignée et alors que 16 millions de conscrits sont recrutés, les pertes sont de 4 millions et les désertions de 8 millions.◦ La Chine rouge : le nord, autour de Yan’an. Mao lutte contre les Japonais et mène aussi un combat politique en éliminant ses concurrents, en diffusant sa pensée, une sinisation du marxisme prônant une révolution paysanne en satisfaisant des revendications comme la diminution des fermages et des impôts, et une réforme agraire.Les communistes élargissent leurs bases à partir de 1943 en profitant du recul japonais. En 1945 ils contrôlent un territoire peuplé de 100 millions d’habitants, ont une force armée de plusieurs millions d’hommes. Les États-Unis, inquiétés par le risque communiste, veulent préparer un gouvernement d’union après la victoire et font figurer la question chinoise à toutes les conférences interalliées : en 1943, aux conférences du Caire et de Téhéran, Jiang reçoit une aide américaine importante et obtient une place pour la Chine au conseil de sécurité dans la future ONU. À Yalta, Staline promet d’entrer en guerre contre le Japon 3 mois après la capitulation du Reich et reconnait le gouvernement de Jiang comme seul interlocuteur.Au surlendemain du bombardement d’Hiroshima, le 8 aout 1945, l’Armée rouge soviétique entrait en Mandchourie. Mao et Jiang se rencontraient et convenaient de fusionner leurs armées. Les Américains transportaient les troupes du Guomindang par avion sur le littoral où les troupes japonaises capitulaient à partir du 15 août 1945. Les Etats-Unis voulaient un compromis entre les deux parties tout en favorisant les nationalistes. Cependant Jiang se croyait capable d’écraser les communistes avec une nouvelle armée moderne.En 1946-1947 c’est le Guomindang qui remporte les premières batailles en Mandchou- rie. Toutefois Jiang manque totalement la récupération des régions reconquises : dans les régions reprises aux communistes, le retour des grands propriétaires s’accompagne de violences qui rapprochent les paysans de l’Armée populaire de libération. Mais À partir de l’automne 1947 l’APL (Armée populaire de libération) refoule le Guomindang. Au début de l’année 1949 la Chine du nord est conquise et le 1er octobre Mao proclame la République populaire de Chine sur la place Tian’anmen. Les communistes sont apparus comme les héritiers de ceux qui voulaient moderniser de la société chinoise en 1919, comme des patriotes et de meilleurs administrateurs, plus honnêtes que le Guomindang, favorables aux paysans en luttant contre l’usure et les abus. Jiang Jieshi, les restes de son armée et de ses partisans (2 millions de personnes) s’enfuient à Taïwan. C’est ce gouvernement de la République de Chine que les occidentaux reconnaissent comme le gouvernement légitime de la Chine et qui conserve le siège au conseil de sécurité jusqu’en 1971. I La Chine communiste sous Mao : un État totalitaire à la puissance limitée (1949 – 1976) A – La Chine adepte du modèle soviétique (1949-1957) 1 – La RPC, satellite de l’URSS• Révolution et terreur rouge. En 1949, la chine ne produit plus que 75% du riz d’avant guerre et sa production industrielle n’est que de 55% de celle de 1936. La priorité du nouveau gouvernement est donc la reconstruction et la révolution :En 1950 la famille patriarcale est abolie, les femmes gagnent l’égalité juridiqueLa terre des grands propriétaires est redistribuée à 300 millions de paysans (45% des terres changent de main)La terreur rouge fait entre 4 et 6 millions de victimes. Les autorités locales doivent identifier au moins une famille d’ennemis du peuple par village. Le goulag chinois (laogai) est inauguré• « Pencher d’un seul coté »Mao choisit alors de « pencher d’un seul coté » (1949), c’est à dire de rejoindre le camp soviétique. En 1950 un traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle est signé.L’URSS obtient des bases à Port-Arthur et Dalian.En octobre 1950 la Chine envoie un million de « volontaires » secourir l’arméenord-coréenne en déroute devant l’intervention de l’ONU. Le général Mac Arthur propose de bombarder les grandes villes chinoises avec l’arme atomique mais il est révoqué par le président Truman en 1951.A partir de 1953, alors que l’armistice de Pam Mun Jon met fin à la guerre de Corée, l’ancrage sur le modèle soviétique se confirme :◦ des plans quinquennaux mis en place◦ une constitution sur le modèle soviétique est adoptée◦ la collectivisation des terres, qui tardait, est accélérée ◦ les entreprises industrielles sont nationalisées2 – Un regain d’influence en AsieUne Chine plus étendueLa République populaire reprend en grande partie le contrôle de l’espace de l’em- pire chinois :Le Tibet, quasi indépendant depuis 1913, est envahi en 1950 ; la RPC impose unaccord qui le place sous souveraineté chinoise en 1951. Le dalaï-lama accepte de jouer un rôle officiel jusqu’en 1959, date à laquelle il s’enfuit en Inde.L’URSS rend le Xinjiang à la Chine en 1949 et ses bases (Port-Arthur, Dalian) en1954.En revanche la Chine, à la faible marine, ne peut s’emparer de Taiwan, soutenue par les Américains (traité de défense de 1954).La RPC, ennemi des Etats-Unis et leader du tiers-monde.Les USA qui organisent un embargo contre la Chine, deviennent alors les ennemis principaux ; ils sont dénoncés comme un « tigre de papier ». Toutefois, sur la scène internationale, la Chine apparaît à différentes occasions, grâce au rôle clé quelle joue pour soutenir les forces communistes dans les grandes crises asiatiques du début de la Guerre froide : guerre de Corée et guerre d’Indochine. en 1953 elle figure à la table des négociations de l’armistice de Pam Mun Jon. en 1954, son ministre des affaires étrangères, Zhou Enlai, est un des artisans des accords de Genève qui mettent fin à la guerre d’Indochine. en 1955 la Chine, pourtant proche de l’URSS, participe à la conférence de Ban- dung qui rassemble les partisans de non-alignement. Elle se rapproche de l’Inde et apparaît comme un possible chef de file des peuples du tiers-monde luttant pour leur indépendance. B – La rupture avec l’URSS et les politiques utopiques de Mao (1957 – 1976) 1 – La Chine s’éloigne puis rompt avec l’URSSL’éloignementEn 1956 les dirigeants chinois accueillent mal les nouvelles qui leur viennent du XXe congrès du PCUS. Ils rejettent l’idée d’une coexistence pacifique comme celle d’une évolution pacifique vers le socialisme. D’autre part, le culte de la personnalité de Mao plus vigoureux que jamais entre en contradiction avec les idées nouvelles de Khroucht- chev.Mao fait lui-même une critique du modèle soviétique et veut se doter de l’arme nucléaire.La ruptureLe grand frère soviétique abroge son traité de coopération nucléaire avec la Chine, rappelle ses experts en 1960. La rupture est officielle en 1962 alors que des incidents de frontière éclatent au Kazakhstan. Lors de la crise de Cuba, Pékin critique Moscou d’abord pour son aventurisme et à l’issue de la crise pour sa capitulation.La Chine affirme son indépendance en refusant de signer le traité de Moscou de 1963 qui met fin aux essais nucléaires atmosphériques et fait exploser sa première bombe A en 1964. Elle développe la théorie des Trois mondes qui régiraient l’ordre géopolitique mondial : Les deux superpuissances à la recherche de l’hégémonie régionale : l’URSS et lesÉtats-Unis. Elles représentent une grave menace pour les autres. L’URSS est jugée la plus aggressive et la plus dangereuse. Les autres pays développés : ils sont liés aux super-puissances par un rapport de dépendance, mais essayent de lutter contre elles. Les pays en voie de développement et la Chine : ils ont des intérêts communs reposant sur la lutte contre l’hégémonie du premier monde. 2 – Les politiques utopiques désastreuses de Mao ZedongMao se dirige vers d’autres solutions que celles préconisées à Moscou et mène plu- sieurs expériences volontaristes successives :« Cent Fleurs » et « Grand bond en avant » (1957- 1961)En février 1957 il demande que les bons communistes dénoncent les « manda- rins rouges », responsables des injustices et des difficultés. C’est le « mouvement des Cent Fleurs » pendant lequel les intellectuels, les étudiants, les ouvriers s’en prennent au parti unique et qui vire parfois au troubles dans certaines provinces. L’impopularité du régime et de ses cadres surprend Mao et au mois de juin 1957 le parti dénonce les « fleurs vénéneuses » et met fin au mouvement. Deng Xiaoping, chef du secrétariat du parti conduit la répression : plus d’un million de Chinois sont sanctionnés, généralement exilés pour une vingtaine d’année au fin fond des campagnes.En mai 1958 on lance officiellement le « Grand bond en avant ». On généralise les communes populaires, qui regroupent des villages. Ce sont à la fois des unités de production agricole et industrielle visant à l’autosuffisance, et le nouveau cadre ad- ministratif, politique, social et militaire du pays. Les paysans sont mobilisés pour des grands travaux, des hauts fourneaux de petite capacité sont construits dans chaque commune, les repas gratuits sont pris en commun et les paysannes jettent leurs cas- seroles pour fabriquer de l’acier qui se révèle inutilisable. La récolte 1958 est bonne, et on envisage le passage au communisme pour un avenir très proche.Mais le « Grand bond en avant » tourne à la catastrophe car les paysans ne peuvent pas travailler à leurs récoltes qui pourrissent sur pied. Le parti n’ose critiquer Mao qui poursuit cette politique alors même que les responsables du parti se rendent compte du désastre et de l’effondrement de la production (200 millions de tonnes de céréales en 1958 → 148 en 1961) : entre 18 et 23 millions d’entre eux (pour 650 millions d’habitants) meurent de faim entre 1959 et 1961 (« les Trois années noires ») Liu Shaoqi, numéro 2 du régime, met fin à cette politique et remplace Mao à la présidence de la République et lance, avec Deng Xiaoping, une redistribution des terres collectives aux familles qui s’engagent à livrer une partie de la récolte à l’Etat et peuvent disposer du reste.La « révolution culturelle » (1966 – 1969)Mao réagit en lançant une révolution dans la révolution pour éliminer les « mandarins rouges » qui s’opposent à lui (Liu Shaoqi, Deng Xiaoping). Pour cela il appelle à la révolution culturelle.En 1964, sa femme, Jiang Qing, réforme l’opéra de Pékin en y faisant jouer des pièces mettant en scène des héros positifs communistes.L’armée distribue le « Petit livre rouge », des citations de Mao qui doivent servir de catéchisme à tous les Chinois.En 1966, à l’université de Pékin, des dazibao, « affiches en gros caractères », dé- noncent les « révisionnistes » qui sont attaqués par des groupes d’étudiants maoïstes, c’est le véritable début de la révolution culturelle qui va durer 3 ans, jusqu’en 1969. On livre à la jeunesse déchainée des Gardes rouges les « cadres engagés dans la voie de la restauration du capitalisme, les Khrouchtchev chinois et leurs complices », on détruit les vieilleries car « toute rébellion est juste ». Les Gardes rouges humilient, frappent et tuent des milliers de suspects. Des groupes de Gardes rouges « loyalistes » et « rebelles » s’opposent dans les grandes villes et s’en prennent aux diplomates étran- gers dans la capitale.Mao utilise l’armée et sa garde prétorienne, l’unité 8 341, pour reprendre le contrôle de la situation et 16 millions de jeunes sont envoyés dans les campagnes pour y être rééduqués par les paysans. Il clôt la révolution culturelle en 1969 en faisant exclure Liu Shaoqi du parti, il mourra en prison, Deng Xiaoping a échappé de peu à la mort.3 -Volte face diplomatique et succession de MaoLa volte face diplomatiqueSi Mao a un certain prestige auprès de jeunes révolutionnaires occidentaux (« maoïstes » de mai 1968 en France par exemple), sa politique étrangère, inspirée par la théorie des Trois monde, connait peu de succès. La France de de Gaulle, qui affirme son indépendance par rapport aux deux Grands reconnait la RPC en 1964.Une seule démocratie populaire s’est ralliée à la Chine : l’Albanie.En Afrique les Chinois ont des intérêts et une influence en Tanzanie.La Chine a deux ennemis principaux en Asie : l’URSS et à l’Inde, ce qui la conduit à se rapprocher du Pakistan, s’éloigner de la République démocratique du Vietnam (proche de l’URSS).En 1969 les incidents de frontière très graves éclatent avec les soviétiques le long de l’Oussouri, ceux-ci envisagent d’utiliser l’arme atomique et sondent les Américains. Alors qu’en 1967 ces derniers encourageaient les pays d’Asie du sud-est à former l’Asean pour contrer le communisme, les États-Unis vont maintenant chercher à affaiblir l’URSS en se rapprochant de la Chine :- en 1971 l’équipe de Ping-pong des Etats-Unis accepte une invitation en Chine, et la même année Kissinger se rend secrètement dans le pays pour préparer une visite de Nixon,- les USA lèvent leur véto à l’entrée de la RPC à l’ONU qui occupe le siège de la Chine au conseil de sécurité alors que Taiwan est exclu de l’organisation (ce que n’avaient pas prévu les dirigeants américains)- Nixon vient à Pékin rencontrer Mao en février 1972.Les dernières années de MaoPendant la révolution culturelle, la situation du pays s’est dégradée : la production a baissé (85% de celle de 1965), les recettes de l’Etat se sont effondrées, la société est déstabilisée (délinquance, absentéisme au travail)Le PCC est divisé entreLes pragmatiques (Zhou Enlai, Premier ministre, Deng Xiaoping) qui veulent relancer l’économie par Quatre modernisations : agriculture, industrie, science et technologie et défense.Les idéologues, soutenus par Mao : la « Bande des Quatre » proches de sa femme Jiang Qing. Après la mort de Zhou Enlai, en janvier 1976, c’est le ministre de l’intérieur, Hua Guo- feng, qui n’est d’aucun des deux clans, qui est choisi par Mao pour lui succéder et qui devient Premier ministre. Deng est destitué de ses fonctions dans le parti et l’armée.La succession de MaoMao Zedong, meurt le 9 septembre 1976. Sa veuve et la « bande des quatre » sont arrêtés par Hua Guofeng. Celui-ci se veut l’héritier du Grand Timonier dont il fait construire le mausolée place Tian’anmen. Il a un programme qui s’inspire du volontarisme maoïste, mais, sous pression de dirigeants militaires qui l’ont aidé à éliminer la Bande des Quatre, il doit accepter le retour au pouvoir de Deng en 1977.Pour améliorer le sort des paysans, celui-ci soutient des initiatives locales de vente libre des surplus agricoles, qui ébranlent le principe de la collectivisation. Il formule son principe du « critère de la pratique » (« tout ce qu’à dit ou fait Mao n’est pas forcé- ment juste, il faut juger d’après les résultats », « qu’importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape les souris »).Des dazibaos dénoncent Mao, exigent une 5e modernisation : la démocratie. Deng, utilise ce courant démocratique pour affaiblir Hua et conquérir le pouvoir en dé- cembre 1978 avant de s’en détacher. II Fuqiang : la richesse (fu) et la force (qiang) – Réformes économiques et ouverture internationale (1978-1989) A – Les réformes modernisatrices • Deng place ses proches aux postes clés (Zhao Ziyang, Premier ministre, Hu Yaobang Secrétaire général du PCC)Son programme tient d’abord dans les Quatre Modernisations qui sont mises en œuvre en 1978-79.La priorité est accordée à l’agriculture : les communes populaires sont démante- lées, les paysans peuvent exploiter individuellement une partie des terres et en vendre le produit sur les marchés, choisir leur production. La croissance est très nette.Dans l’industrie, la planification devient indicative pour les entreprises privées, de petite taille, qui peuvent rechercher le profit.Certaines entreprises d’Etat obtiennent le droit de former des joint-ventures avec des entreprises étrangères et 4 ZES (zones économiques spéciales, zones franches d’exportation – 1980) sont inaugurées pour gagner des devises et des transferts de technologie ; plus tard ce furent 14 villes côtières, puis 3 régions littorales ; en 1988 toutes les villes du littoral sont ouvertes puis en 1990 les villes des régions frontalières (Russie, Asie centrale, Birmanie, Vietnam)La 4e modernisation, celle qui concerne le domaine militaire, est de moindre priorité, car il ne faut pas effrayer les partenaires, avancer discrètement.La politique de l’enfant unique est inaugurée pour permettre l’élévation du niveau de vie. B – Les relations avec l’occident • Les relations avec l’occident s’améliorent et des relations diplomatiques sont établies avec les États-Unis en 1979, des accords commerciaux, de coopération et culturels sont signés. Deng se rend en voyage officiel aux Etats-Unis (1979)En 1984 un accord sur la rétrocession de Hong Kong est signé avec le R-U pour entrer en vigueur en 1997 : « un pays, deux systèmes » C– Le mouvement de la place Tian’anmen (1989) Au milieu des années 1980, les réformes atteignent leurs limites (dégradation de la situation des campagnes qui manquent de capitaux et où le statut encore collectif des terres décourage l’investissement, système irrationnel des prix industriels qui génère de la corruption)Zhao Ziyang et Hu Yaobang proposent d’intensifier les réformes (libéraliser les prix, diminuer la planification), et soutiennent une évolution vers la démocratie et critique la politique chinoise au Tibet, d’autres proposent un renforcement du contrôle de l’Etat.En 1987, Hu Yaobang est limogé. C’est l’option autoritaire qui semble l’emporter en 1989, alors que Gorbatchev mène la Glasnost et la Perestroïka en URSS et en Europe de l’est.La mort de Hu Yaobang, le 15 avril 1989, déclenche un mouvement de protestation démocratique des étudiants de Pékin qui se répand dans tout le pays. Gorbatchev, en visite officielle en Chine est détourné des lieux des manifestations mais la presse internationale rend compte des événements. 1 000 étudiants commencent une grève de la faim sur la place Tien’anmen.Le 20 mai, Deng fait proclamer la loi martiale est déclarée, des chars entourent Pékin mais la foule les empêche de pénétrer dans la ville. Les étudiants érigent une statue de la liberté sur la place, mais dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 les chars pénètrent dans la ville et massacrent les protestataires, faisant vraisemblablement plusieurs milliers de victimes. Zhao Ziyang est limogé et placé en résidence surveillée (jusqu’à sa mort en 2005). A la rentrée suivante les étudiant sont envoyés en rééducation auprès des militaires. III – Relance et approfondissement des réformes A– Poursuivre les réformes et « fuir la lumière » (1989-1992) Deng veut que la Chine poursuive son avancée sur la voie du développement économique, par des réformes de longue durée (un siècle), et dans la stabilité poli- tique, sous le contrôle du parti. Sa succession est réglée entre 1990 et 1993 au profit de Jiang Zhemin qui poursuit sur la même voie et fait adopter par le parti le principe de « l’économie socialiste de marché » en 1992. Le « petit timonier » meurt en 1997.Les réformes appliquées aux ZES sont accordées à toutes les régions qui les demandent, les prix sont libérés, un système bancaire moderne est mis en place, les privatisations d’entreprises d’État se multiplient et les entrepreneurs accueillis dans le parti (2001).Ce sont des années de croissance record : 14% en 1993.Le niveau de vie augmente nettement et une classe moyenne d’une centaine de millions de personnes fait son apparition s’ouvre aux influences étrangères, d’abord celle des Chinois de la diaspora, et au mode de vie à l’occidentale (loisirs – 2 week-end de repos par mois – karaoké, tourisme, nouvelles habitudes alimentaires, etc.)Dans le reste du pays le progrès n’avait pas atteint tous les villages dont 25% restaient inaccessibles faute de routes, et 80 millions de paysans vivaient sous le seuil de pau- vreté, recherchant à émigrer vers les villes.« Fuir la lumière »Après la répression de Tian’anmen, l’isolement sur la scène internationale, l’em- bargo occidental sur les ventes d’armes, la baisse des investissements étrangers et du tourisme, poussent Deng à renouveler sa recommandation de faire profil bas « en fuyant la lumière et en recherchant l’obscurité ».La Chine se montre conciliante envers les Etats occidentaux et ses voisins : pas de véto pendant la 1ère guerre du Golfe, accord de reconnaissance des frontières avec la Russie, ratification du traité de non-prolifération en 1992, participation aux forums de l’ Asean à partir de 1993.Cependant elle reste intransigeante sur certains principes : la non-ingérence dans ses affaires intérieures et l’affirmation de sa souveraineté sur Taiwan (refus de toute indépendance et droit de recours à la force armée pour rétablir sa souveraineté sur l’ ile) B – Les ambitions s’affirment (1992- 2002) Une stratégie de « grand pays »Après le départ de Deng, en 1992, ses successeurs (Jiang Zemin) adoptent une « stratégie de grand pays » En 1996 ils organisent de grands manœuvres navales devant Taiwan et tirent des missiles,lors de la crise du Kosovo en 1999 elle soutien la Serbie.Les ambitions diplomatiques de la Chine en Asie s’affirment et elle renoue des relations avec ses voisins : Inde, nouvelles républiques d’Asie centrale, Russie qui lui vend des armes et avec laquelle elle met au point le groupe de Shanghai en 1996 (qui est deve- nue depuis l’organisation de coopération de Shanghai, une stratégie de quasi alliance, en 2001). A l’approche du nouveau millénaire le miracle économique se poursuit (croissance de +10% par an en moyenne entre 1995 et 2005).Le pays entre dans la mondialisation de manière fracassante :la Chine intègre l’OMC, (2001). Pékin est choisie pour accueillir les JO de 2008 et en 2002 Shanghai l’est pour accueillir l’exposition universelle de 2010.Le pays passe de la 6e puissance mondiale en 2000 à la 2e en 2010, devient le 1erexportateur mondial (2009) et 2nd importateur, forme plus de 800 000 ingénieurs par an et développe des hautes technologies (Taïkonaute en 2003, centrales nucléaires, TGV)Hu Jintao et la « société harmonieuse »En 2002 Hu Jintao, qui doit son ascension à Deng (et à Zhao Ziyang), devient Secré- taire général du PCC, puis président de la République en 2003 (réélu en 2008 pour 5 ans) ; considérant que la stratégie agressive s’avère contreproductive en terme d’image, il décide d’un nouveau tournant tactique : il s’agit de développer une « société harmonieuse dans un monde harmonieux ». C – La « montée pacifique » (depuis 2003) L’atelier du monde a les moyens d’avoir de grandes ambitions internationales traduites par le slogan de « montée pacifique » (2003) :Maitriser les étendues occidentales de son territoire en le sinisant (Xinjiang, Tibet) et contrôler ses abords maritimes (litiges avec les Corées, le Japon, les Philip- pines, le Vietnam à propos des iles Spratleys ou Paracels)Recouvrer Taiwan : proposition d’une réunification sur le modèle hongkongais : « un pays deux systèmes », ce que refusent les Taiwanais. Les économies sont très liées et personne n’a intérêt à une guerre.Entretenir de bonnes relations avec les États-Unis, l’Europe et le Japon avec les- quels l’interdépendance commerciale et financière s’est approfondie mais des points de tensions demeurent (excédent commercial et sous évaluation du Yuan, droits de l’homme, Tibet, Taiwan, Iran). L’embargo sur les armes n’est pas levé.Recherche de stabilité dans la relation sino-américaine car la Chine a besoin du marché américain et place ses réserves en bons du trésor US. Les Etats-Unis ont une supériorité militaire écrasante dans la région Asie-Pacifique, qu’ils consi- dèrent comme leur première priorité pour le XXIe siècle. Ils encerclent toujours la Chine par leurs bases et leurs alliances (Japon, Corée du sud, Taiwan, Thaï- lande, Singapour, Philippines, Inde, Pakistan, Afghanistan, Kirghizstan, Ouzbé- kistanL’Europe est considérée de manière plus arrogante : cf. réaction chinoise contre les critiques françaises lors des JO de Pékin ; elle profite de la crise pour s’implanter dans des pays périphériques européens : Grèce – rachat du terminal 2 du port du Pirée – Serbie, Bulgarie, mais aussi dans le cœur économique du vieux continent (700 entreprises chinoises en Allemagne emploient 7 000 salariés, une centaine en France)Avec le Japon des contentieux historiques et territoriaux demeurent mais les économies sont étroitement imbriquées (10 millions de Chinois travaillent dans des usines japonaises)◦ Développer sa coopération avec les principaux émergents et les puissances régionales :- Russie (parvenir à établir un condominium sur l’Asie centrale)- Réconciliation avec l’Inde (1ersommet des BRIC en 2009) mais réel contentieux à propos du dalaï-lama- Liens privilégiés avec des puissances régionales du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Amérique latine (Iran, Egypte, Afrique du sud, Nigéria, Soudan, Angola, Brésil, Mexique, Argentine, Venezuela, Chili).La Chine y investit sous forme de prêts qui servent à faire construire des infra- structures par des entreprises chinoises et à consolider ses approvisionnements (acquisition de mines, des exploitations pétrolières et des terres)• De nouveaux instruments de puissance Les vecteurs de cette puissance chinoise sont avant tout les investissements, le commerce mais des évolutions sont en cours :◦ A partir de 2004, se rendant compte que l’influence économique ne suffit pas, (parex. en Afrique, encore très tournée vers l’Occident) développent une stratégie de soft power : instituts Confucius (250 en 2007, en 1 000 en 2020), radios et télévisions internationales.◦ La modernisation de l’armée chinoise est très nette depuis 1992. Son budget a doublé entre 2000 et 2005 et devait encore doubler d’ici 2015. Estimé à $ 120 milliards (1/2 de celui des USA) il est le second au monde, et la Chine se dote d’une flotte de haute mer, d’une flotte aérienne, de missiles et de toutes les dernières technologies. se montrent capables de défendre leurs intérêts à l’étranger (elle en a, ce qui est aussi une nouveauté)en 2012, récupération de 20 000 Chinois en Lybie, 1erporte avion nucléaire (aout 2012) Conclusion : La puissance chinoise effraye aujourd’hui : pour preuve les titres d’ouvrages récents parus sur ce sujet en France : La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? (2005), Quand la Chine veut vaincre (2007), Le Vampire du Milieu (2010), L’arrogance chinoise (2011), La visée hégémonique de la Chine (2011)Elle est accusée d’être un paradis pour la contrefaçon et de la corruption, d’être un concurrent déloyal et d’être à l’origine de la désindustrialisation des pays développés, qui pourtant à bien d’autres causes. On la soupçonne de vouloir bâtir un duopole avec les Etats-Unis, voire de préparer son hégémonie.Si le monopole de l’Occident est incontestablement terminé, il ne faut pas négliger certaines faiblesses de la nouvelle puissance asiatique :• son vieillissement : la Chine risque d’être vieille avant d’être riche. Le problème des retraites est épineux (moins d’ 1/4 des ruraux et des mingongs sont couverts contre 90%des citadins)• la contestation sociale qui se développe et risque de s’amplifier avec les difficultééconomiques (ralentissement de la croissance à 7,5% en 2012) ; le pays n’est pas à l’abri de nouvelles phases d’instabilité. La Chine est devenue un des pays les plus inégalitaires du monde (son indice de Gini est de 47, presque autant qu’au Brésil). Les chiffres officiels font état de 200 000 « incidents de masse » (émeutes) en 2010 ayantfait  dizaines de morts !• La situation de certaines minorités, qui sont les plus pauvres du pays (Hui, Oui- ghours, Tibétains) recèle un fort potentiel de contestation (émeutes de Lhassa en 2008, d’Urumqi en 2009)• son soft power est encore très modeste : son modèle politico-économique (le consen- sus de Pékin), soit un État-parti autoritaire et une économie libérale, n’est pas expor- table et peut-être pas viable en période de crise du monde développé. Le laogaï existe toujours et les exécutions capitales sont très courantes (4 000 en 2011 ?).• Sa croissance a un fort impact en terme de dégradation de l’environnement : consommation d’énergie trop élevée (son industrie consomme, pour les mêmes fabri- cations, 50% de plus qu’en Europe) elle est le 1er émetteur de GES, la pollution et la gestion de l’eau son calamiteux, pollution de l’air très grave, la déforestation se poursuit et la gestion des déchets anarchique. Xi Jinping, nouveau secrétaire général du PCC en novembre 2012, et la nouvelle équipe qui va succéder à Hu Jintao et Wen Jiabao (Premier ministre jusqu’en 2013) auront donc fort à faire.

Des cartes pour comprendre le monde Les cartes sont une clé essentielle pour comprendre l'organisation du monde ; ce sont des outils établis par les géographes à partir de données statistiques et d'observation du territoire. La carte permet une représentation du monde à toutes les échelles, depuis l'échelle globale jusqu'à l'échelle mondiale. Outre le choix de l'échelle, celui de la projection est aussi fondamental. Lorsqu'on réalise un planisphère, on est en effet contraint de déformer la réalité car la terre est sphérique. Le choix du type de carte n'est donc pas anodin. On peut choisir une projection de Mercator qui garde la justesse des distances maritimes, mais déforme les continents en agrandissant les hautes latitudes, ou bien la projection de Peters qui prend le parti inverse. On peut aussi recourir à la projection polaire. Le point de repère choisi pour centrer la carte est variable suivant l'observateur : les Européens placent l'Europe au centre de leurs cartes, de même que les Chinois ou les Américains y placent leur propre pays. Par la cartographie thématique, on peut visualiser un certain nombre d'éléments qui permettent de mieux comprendre le monde et ses évolutions. On peut ainsi appréhender le monde par une lecture géopolitique, c'est-à-dire fondée sur les rapports de force entre les différentes puissances. On peut aussi recourir à une approche géoéconomique, dans laquelle les cartes mettent en évidence les différences de richesses et les circulations économiques. Il existe également une cartographie géoculturelle qui permet de cartographier les grandes aires culturelles, civilisationnelles, religieuses. Enfin, les cartes permettent d'apprécier les grands enjeux environnementaux.Comment les cartes nous fournissent-elles une grille de lecture de la planète ? Quels enjeux permettent-elles de mettre en évidence ? 1. Comprendre la géopolitique mondiale par les cartes Cartographier les puissances • Pour cartographier les puissances, il faut définir un certain nombre de critères. Le premier point consiste à évaluer le « hard power » de chacun des grands acteurs géopolitiques à toutes les échelles. À l'échelle mondiale, la possession de l'arme nucléaire peut être un critère valable. Apparaîtront ainsi les membres de ce « club nucléaire » (États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine, Inde, Pakistan, sans doute Israël et la Corée du Nord). Le nombre de soldats est aussi un indicateur valable, tout comme le budget militaire. • On peut également cartographier le rayonnement de cette puissance militaire en montrant quels États disposent de bases ailleurs que sur leur propre territoire. On verra ainsi apparaître la présence de nombreuses bases américaines, mais aussi d'anciennes puissances coloniales françaises et britanniques, qui restent un atout pour des puissances moyennes. Les interventions militaires donnent en outre une bonne vision d'ensemble, qu'elles soient ou non accomplies avec mandat de l'ONU. On verra ainsi la capacité d'engagement des États-Unis, présents en Irak et en Afghanistan. Cartographier les conflits • Cartographier les conflits est difficile. Les conflits interétatiques sont désormais peu nombreux dans le monde. La plupart des conflits sont des guerres civiles ou des interventions dans des pays voisins déstabilisés. Certains de ces conflits, comme le conflit israélo-palestinien, ne peuvent être cartographiés qu'à une échelle locale pour en donner une représentation exacte. • À l'échelle du monde apparaît toutefois un « arc des crises » dans lequel se concentrent les principaux conflits. Partant d'Afrique de l'Ouest, il s'achève en Afghanistan. Ces zones connaissent des facteurs de déstabilisation multiples, à la fois politique, économique et identitaire (religions et cultures). 2. Comprendre l'organisation géoéconomique mondiale par les cartes Cartographier les hiérarchies géoéconomiques • Pour déterminer les hiérarchies géoéconomiques du globe, on dispose de plusieurs indicateurs. Les plus utilisés sont le PIB global ou rapporté au nombre d'habitants, qui donne une idée de la richesse d'un territoire, ou de l'IDH, qui donne une idée de son développement. Là encore, il faut affiner par un effet d'échelle : on verra ainsi apparaître les régions riches et les régions pauvres au sein d'un État, comme c'est le cas en Chine, où le littoral est plus riche et plus développé que l'intérieur. L'utilisation d'une carte en anamorphose, déformant la réalité, conditionnant la dimension d'un territoire à l'intensité du phénomène étudié, peut être éloquente, qu'elle conserve les formes générales ou qu'elle réduise le pays à un carré. L'utilisation de plages de couleurs permet de juger d'un gradient d'intensité d'un phénomène.Exercice n°1Exercice n°2Exercice n°3 • On peut aussi cartographier les organisations internationales régionales à caractère économique (ALENA, Union européenne, ASEAN…), qui montrent comment le monde est structuré, du point de vue économique, en sous-ensembles régionaux. • On voit ainsi apparaître un monde dominé par la « Triade » (États-Unis, Union européenne, Japon), des zones émergentes (Asie orientale, BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), des pays enrichis par l'exportation de matières premières énergétiques (États du golfe Persique), des pays en voie de développement et les pays les moins avancés. Cartographier les circulations et les flux • On doit également, pour une claire vision géoéconomique, cartographier les circulations de toute nature qui structurent l'espace mondial. Circulations de matières premières, notamment agricoles et énergétiques, de produits manufacturés, mobilités humaines, flux « invisibles » liés à la finance et aux nouvelles technologies comme la bande passante Internet.Exercice n°4 • On constatera là aussi la domination de la Triade par l'intensité et le nombre de flux, et l'affirmation des zones émergentes. En revanche, dans les périphéries, les flux sont moins intenses. Certaines zones constituent ainsi des angles morts dans le processus de mondialisation. 3. Cartographier les cultures Les grandes civilisations • Pour cartographier les cultures, on peut tenter une approche des civilisations. Cependant, les divergences sont grandes entre les géographes pour décider du nombre de ces civilisations et de la façon de les définir. On peut s'appuyer sur la cartographie des langues dominantes. On verra la cohabitation de grandes langues d'échange international et de langues locales. • On s'accorde généralement pour distinguer une civilisation occidentale (où se distinguent, selon certains auteurs, une civilisation orthodoxe et une civilisation latino-américaine), une civilisation islamique, une civilisation indienne, une civilisation chinoise ou d'Asie orientale (suivant les auteurs), une civilisation africaine. • À l'échelle locale, cette cartographie peut être affinée jusqu'à la représentation des différentes ethnies. On constate alors que, très souvent, plusieurs cultures voisinent sur le même espace. Les grandes religions • Cartographier les religions pose des problèmes semblables à ceux posés par la cartographie des civilisations. Très souvent, elles se superposent et s'entrecroisent. Il est souvent difficile de cartographier les minorités religieuses ou encore l'intensité de la croyance ou des pratiques. • Certaines religions ont une diffusion mondiale comme le catholicisme ou le protestantisme dans le cadre du christianisme, ou encore le sunnisme dans celui de l'islam. En revanche, l'hindouisme ou les croyances traditionnelles africaines sont présents en dehors de leur domaine d'origine surtout par l'existence de diasporas. 4. Cartographier les défis environnementaux Cartographier les risques • Cartographier l'environnement revient à cartographier les risques. Tout d'abord les risques naturels : zones sismiques, côtes à risque de tsunamis, zones à activité volcanique, zones marquées par les cyclones, etc. • Mais cela revient aussi à cartographier les risques que les hommes font peser sur l'environnement, par des catastrophes marquantes telles que les marées noires ou les accidents nucléaires (Tchernobyl en 1986, Fukushima en 2011). Les atteintes au milieu naturel comme sur la forêt dense au Brésil ou en Indonésie peuvent aussi être mises en valeur. Une cartographie prospective ? • Peut-on se risquer à une cartographie prospective, anticipant les effets du réchauffement climatique ? L'exercice est délicat car les données sont incertaines. Il faut prendre en compte à la fois les effets du risque de montée des eaux par la fonte de la banquise et l'extension des déserts par la modification du cycle des précipitations.Exercice n°5 • Au-delà de l'exactitude de la prospective, les cartes peuvent faire prendre conscience de l'urgence qu'il y a à intensifier la protection de l'environnement. Ainsi, les cartes sont des outils de compréhension du monde qui permettent une lecture fine de la réalité, à condition de confronter plusieurs cartes entre elles et de procéder à des basculements d'échelle. On pourra de cette façon comprendre les lignes de force de l'espace mondial, sans en donner une interprétation dénuée de nuances ni de finesse.

Depuis le milieu du xixe siècle, le monde a connu un bouleversement économique majeur issu des deux vagues d'industrialisation de l'Europe et de la progression de l'économie de marché dans le monde, favorisée par le processus de mondialisation des échanges. La mise en place progressive d'économies-monde, portée successivement par le Royaume-Uni, les États-Unis et plusieurs autres États, a généré plus de 150 ans de croissance économique, entrecoupée de phases de ralentissement et de crises. 1. La croissance économique et ses différentes phases depuis 1850 Une première phase de croissance du milieu du xixe siècle à la Seconde Guerre mondiale • Le processus d'industrialisation de l'économie, limité à la fin du xixe siècle à l'Europe, aux États-Unis puis au Japon, est à la base de la croissance économique de cette période. Il se met en place en deux temps. D'abord, il est fondé sur le développement d'innovations technologiques, qui vont permettre ensuite une mécanisation de la production et uneamélioration des transports (plus de personnes, plus de marchandises, plus rapidement). • La première industrialisation commence à la fin du xviiie siècle en Angleterre : elle repose sur l'utilisation de la machine à vapeur et du charbon, et favorise l'essor des industries traditionnelles (industries textiles et sidérurgie). • La seconde industrialisation se fonde sur l'utilisation de nouvelles énergies : l'électricité et surtout le pétrole qui permet le développement du moteur à explosion. Cette seconde modernisation des structures de production est complétée par la mise en place de méthodes de travail plus efficaces : les fabrications sont standardisées pour baisser les coûts de production, les usines ont recours au travail à la chaîne, avec des ouvriers mieux payés qui vont consommer ce qu'ils produisent (fordisme). Ces méthodes permettent une augmentation de la productivité des usines mais entraînent aussi des changements dans les autres secteurs économiques et dans la société. On assiste à un début de modernisation et de mécanisation de l'agriculture. L'exode rural se développe avec les besoins accrus de main d'œuvre des usines installées en ville (près des consommateurs et sur des carrefours commerciaux). Le secteur tertiaire prend de l'importance (prémices de la grande distribution avec les grands magasins, développement des emplois de bureau, etc.). • Le développement industriel est le moteur de la croissance économique. Il entraîne la mise en place de nouvelles structures économiques basées sur le capitalisme, le libre-échange(libéralisme économique) et le développement des sociétés anonymes (ces dernières vendent des actions pour augmenter leur capital dans le but d'investir pour se moderniser). Un système financier de plus en plus international se développe avec la création de grandes bourses au rayonnement mondial et de banques qui collectent l'épargne, font des prêts, vendent et achètent les actions des entreprises – tout ceci étant favorisé par la multiplication des moyens de paiement (billet, chèques, etc.). • La croissance du PIB est faible avant 1870 (inférieure à 1 %), mais, à partir de cette date, elle dépasse les 2 % dans les régions concernées par la croissance. On y constate alors une amélioration du niveau de vie des populations et une augmentation des salaires. Mais cette croissance n'est pas régulière. Les phases de forte croissance, favorisées par l'innovation ou la découverte de nouvelles mines d'or, en Californie par exemple (1850-1873 ; 1896-1914), alternent avec des phases de ralentissement, provoquées par de multiples facteurs comme la surproduction industrielle générant des stocks trop importants et une baisse des prix, le retard dans l'innovation ou la pénurie de financement des entreprises, etc. La grande dépression entre 1873 et 1896 ou la crise de 1929 sont caractéristiques de ce ralentissement de la croissance. • La crise de 1929, consécutive au Krach de Wall Street (24 octobre 1929), est l'exemple type d'une de ces crises de l'économie-monde qui peuvent naître dans un seul pays (ici du fait de la spéculation boursière) et avoir des répercussions sur l'ensemble de la planète en ralentissant le commerce international. La crise de 1929 durera en fait jusqu'en 1932 dans certains pays européens et provoquera une forte hausse des prix (inflation) et du chômage.Exercice n°1 Une croissance exceptionnelle de la fin de la guerre au premier choc pétrolier de 1973 (« les Trente Glorieuses ») • Des années 1950, au milieu des années 1970, les pays industriels connaissent une période de forte prospérité économique, aussi appelée « Trente glorieuses » par l'économiste Jean Fourastié.Cette période fait suite à la reconstruction de l'Europe de l'ouest et du Japon après guerre grâce à l'argent des États-Unis et du plan Marshall (1947). La prospérité retrouvée se caractérise par une croissance économique forte (plus de 5 % par an en moyenne) et continue de tous les pays concernés. Les vaincus de la guerre (Italie, Japon, Allemagne) et la France connaissent même un véritable décollage économique qui les place dans le groupe de tête des grandes puissances. • La structure économique de ces pays évolue rapidement. Les entreprises se modernisent, grandissent et se concentrent pour donner naissance à de grandes firmes de plus en plus multinationales. D'importants investissements sont faits dans la recherche, ce qui permet le développement des technologies de pointe. L'agriculture se modernise, améliore ses rendements grâce à la mécanisation, aux engrais et aux produits phytosanitaires, et s'industrialise en s'intégrant dans les filières agroalimentaires. La grande distribution se développe. L'industrie reste au cœur de cette croissance qui favorise aussi le développement des échanges commerciaux au niveau international. • De multiples facteurs peuvent expliquer cette croissance. Tout d'abord, l'émergence d'une société de consommation, sur le modèle américain, fait exploser la demande de produits et de biens de consommation courante après les privations de la guerre. Cette consommation est de surcroît encouragée par la publicité et par un recours plus facile au crédit. La croissance démographique d'après guerre (« baby boom ») augmente le nombre de consommateurs, de même que le recours à l'immigration pour les besoins de la reconstruction. La « révolution scientifique et technologique  » améliore la production tout en proposant de nouveaux biens d'équipements. La consommation de matières premières, de pétrole et d'électricité a explosé avec l'augmentation de la production, mais ces dernières sont bon marché (le baril de pétrole coûte 2$ en 1950). La concentration des entreprises accroit la productivité, les prix sont bas. Des accords internationaux comme les accords de Bretton Woods (1944) ou le GATT (1947) favorisent leséchanges mondiaux. Un ralentissement de la croissance depuis les années 1970 et la recherche d'un autre mode de croissance • Les signes avant-coureurs du ralentissement de la croissance se font sentir dès la fin des années 1960 (surproductions agricoles, développement des inégalités, etc.). Mais l'essoufflement d'un système fondé sur les gains de productivité et la consommation de masse, le dérèglement monétaire provoqué par la fin des accords de Bretton Woods en 1971 et les chocs pétroliers de 1973 et de 1979vont déstabiliser le monde. • En 1973, après une aggravation des relations entre Israël et ses voisins, l'Organisation des Pays Producteurs et Exportateurs de Pétrole (OPEP) décide de quadrupler le prix du baril de pétrole, ce qui provoque une crise économique (1973-1974), puis un ralentissement de la croissance. La période qui suit se caractérise par une succession de crises (avec le second choc pétrolier en 1979-82, puis encore en 1987) et de périodes de reprise. • La croissance économique n'est plus régulière : on parle de croissance molle. Les conséquences de cette situation sont importantes : entre 1975 et 1985, on a non seulement une croissance molle mais aussi une inflation qui dépasse les 10 % (on parle de stagflation). L'inflation sera vaincue par la suite, mais les États n'arriveront pas à trouver une solution au problème du chômage de masse. • En effet, les coûts de production augmentent avec le prix de l'énergie et des matières premières, et les entreprises se mécanisent puis délocalisent leurs chaînes de production en dehors des PDEM (pays développés à économie de marché) où le chômage et les inégalités sociales augmentent . La consommation s'essouffle, ce qui génère de la surproduction. La concurrence internationale des pays où la main d'œuvre coûte moins chère est de plus en plus importante et une nouvelle division internationale du travail émerge. Pour conserver leur puissance économique et survivre face à la montée de la concurrence, les PDEM sont obligés de se moderniser et d'innover. Ce sont en fait les règles qu'ils ont fixées dès le xixe siècle. Depuis 1973, leur PIB croît lentement alors que celui de pays émergents comme la Chine augmente de plus de 9 % par an. • La croissance économique mondiale s'est donc poursuivie depuis les années 1970, mais avec des périodes de crise générées par la spéculation et le surendettement. Celle de 2007-2009 a durement touché les pays développés à économie de marché, alors que les puissances économiques émergentes ont mieux résisté. Des voix s'élèvent pour remettre en cause ce modèle de développement des PDEM, qui s'est peu à peu imposé au monde, et demande une forte consommation de ressources naturelles, tout ayant un impact fort sur l'environnement. L'enjeu est donc pour beaucoup de trouver la voie d'un développement durable conciliant développement économique, amélioration du niveau de vie des sociétés et respect de l'environnement. Exercice n°2 2. Les économies-monde successives (britannique, américaine, multipolaire) La croissance économique est une conséquence de la mise en place d'une économie-monde fondée sur le système capitaliste et le libéralisme économique. Ce système a été peu à peu imposé depuis le xixe siècle par les pays anglo-saxons avant d'être adopté par d'autres États.  L'économie- monde britannique entre 1850 et 1914 • L'étude de la domination économique britannique sur le monde entre les années 1850 et 1914 permet de comprendre les mécanismes du processus de développement de la mondialisation et de la domination économique d'un État. Ces mécanismes n'ont fondamentalement pas changé au cours du siècle, ils ont seulement bénéficié de l'accélération des échanges à tous points de vue. • La domination économique britannique à la fin du xixe  siècle est fondée sur une révolution industrielle précoce. Le royaume d'Angleterre est en effet le premier pays européen à s'industrialiser. Il a donc une avance décisive sur les autres au milieu du xixe siècle : ses structures de production sont très développées et ont une productivité très élevée pour l'époque.Les salaires sont hauts (les Britanniques ont le meilleur niveau de vie du monde) mais la mécanisation des structures de production permet de maintenir des coûts de fabrication bas. Les Britanniques ont résolument fait le choix du libre-échange et de la mondialisation de leur commerce. La politique internationale britannique sert le développement économique. Ils ont conquis au xixe siècle le plus vaste Empire du monde qui s'étend de l'Asie à l'Afrique. Leurs colonies américaines sont devenues indépendantes ou autonomes (dominion canadien) mais gardent des relations privilégiées avec leur ancienne métropole. Le Royaume-Uni a donc des comptoirs et des relais commerciaux dans le monde entier et profite des matières premières de ses colonies, qui sont aussi des débouchéspour leur production. Ils se sont également assuré la maîtrise des mers (ils sont la première puissance maritime mondiale) et des communications (réseau télégraphique intercontinental). Lesbanques, compagnies d'assurance, grandes compagnies de transport britanniques sont très présentes (et dominantes) dans les grandes places commerciales. • La Grande Bretagne a développé une véritable division internationale du travail pour assurer la performance de ses produits : elle importe les matières premières comme le coton (la première bourse mondiale est celle du coton à Manchester) qu'elle transforme en biens de consommation à forte valeur ajoutée dans ses usines, avant de les exporter (textiles et sidérurgie sont les deux points forts de l'industrie britannique). Elle contrôle aussi 60 % des échanges maritimes ce qui lui permet d'être une plaque tournante de matières premières comme le thé des Indes ou la laine d'Argentine. Les banques britanniques sont très puissantes : elles prêtent de l'argent aux États étrangers et investissent dans les réseaux de transports partout dans le monde. • Le royaume a fait le choix de privilégier les échanges commerciaux avec l'Amérique du nord et l'Europe occidentale qui sont également des régions industrialisées et donc des des marchés intéressants. Cette structure des échanges internationaux forme déjà un embryon de triade, surtout lorsque les relations avec le Japon se développent et que l'on force la Chine à s'ouvrir. Dans ce contexte, la politique étrangère britannique vient en appui du développement économique pour protéger les routes commerciales (la conquête de l'Egypte en 1882 garantit l'accès au canal de Suez). • Mais la Grande dépression de 1873-1896 va toucher durement le pays qui rompt provisoirement avec sa politique de libre-échange et opte pour le protectionnisme (repli sur soi et limitation des importations de produits étrangers par l'augmentation des droits de douane, etc.). Surtout, la concurrence se fait de plus en plus féroce, en particulier venant des États-Unis et de l'Allemagne. Le Royaume-Uni est moins compétitif : les salaires de ses ouvriers sont élevés et l'innovation manque d'investissements ; le pays rate son passage vers la seconde phase d'industrialisation. C'est la fin de l'hégémonie britannique : le Royaume-Unis perd son statut de première puissance industrielle en 1913. Dès 1914, les États-Unis le dépassent dans les domaines du commerce et des investissements financiers.Exercice n°3 Le siècle des États-Unis • Les États-Unis sont un pays neuf au début du xxe siècle : c'est un vaste territoire auxressources naturelles abondantes dont la conquête a nécessité plus d'un siècle. Il bénéficie d'une forte puissance d'attraction pour les immigrés jeunes et dynamiques venus d'Europe mais aussi d'Asie (Chinois). Ces derniers voient dans le jeune État, terre de la libre concurrence et des « self made men », une opportunité de faire fortune ; la spectaculaire réussite de personnes comme Andrew Carnegie ou Rockefeller les fait rêver. La population américaine est donc un vaste réservoir d'une main d'œuvre nombreuse, jeune, en pleine croissance, et pouvant accepter des salaires bas. Elle constitue également un gigantesque marché intérieur (23 millions d'habitants en 1850, 132 millions en 1940). • Les États-Unis entrent d'emblée dans la seconde phase d'industrialisation et construisent leur pays en fonction du développement économique (les rues des villes, larges et en quadrillage, sont ainsi directement adaptées aux besoins des transports motorisés). Les structures industrielles sont continuellement modernisées et la productivité augmente grâce à des nouvelles méthodes de production, comme le fordisme.Le pays profite également de la Première Guerre mondiale : il n'est pas touché et devient le créancier des Européens. À la veille de la crise de 1929 et du crash de Wall Street, les États-Unis sont la première puissance industrielle et financière mondiale (43 % de la production industrielle en 1929). Par une politique intelligente de redressement du pays, ils sortent certes affaiblis de la crise de 1929, mais restent la première puissance économique. • Puissance économique depuis 1914 , les États-Unis deviennent une des deux grandes puissances en 1945. La guerre a augmenté la force de leur industrie (la productivité des États-Unis restera la plus forte jusqu'en 1960). Les nombreuses innovations mises au point pendant le conflit sont reprises et modifiées par le secteur de la recherche et développement pour être transformées en biens de consommation.Le pays profite de son influence politique internationale pour asseoir la puissance du dollar. Ce dernier devient la nouvelle monnaie internationale au terme des accords de Bretton Woods (1944). La signature en 1947 du General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) permet la diminution des droits de douane et favorise le libre-échange.Le plan Marshall et la reconstruction de l'Europe permet au pays de retrouver des partenaires commerciaux et un débouché pour sa production industrielle. Jusqu'aux années 1970, dans le contexte de la guerre froide, les États-Unis mènent une politique d'alliance qui prend en compte les intérêts de l'économie américaine (renforcement des liens avec le Canada, dépendance de l'Amérique Latine qui fournit matières premières et produits agricoles). • Depuis les années 1970, les États-Unis ont su conserver leur statut de première puissance économique grâce à une politique d'investissements dans l'innovation très dynamique, et à la puissance de leurs firmes multinationales. Le dollar reste la première monnaie internationale, la culture américaine est connue dans le monde entier, et le pays continue de mener une politique économique énergique en renforçant ses liens avec l'Asie. Cependant, il fait l'objet d'une concurrence accrue depuis la crise des années 1970 et souffre d'un fort endettement, d'un déficit commercial, ainsi que de la délocalisation des lignes de production vers des pays plus compétitifs et aux salaires moins élevés.Exercice n°4 Une économie-monde de plus en plus multipolaire • Il n'y a plus de nos jours une puissance économique dominant seule l'économie-monde. Depuis les années 1970, de nouvelles puissances industrielles ont émergé et font concurrence à la première puissance économique mondiale qui reste les États-Unis. Le Japon a ouvert la voie à ce développement à partir des années 1960 et a servi de modèle à d'autres puissances asiatiques, dont la Chine (depuis les années 1980) qui connaît une croissance extrêmement rapide et affiche clairement ses ambitions internationales. Le Brésil, l'Inde et la Russie postsoviétique sont aujourd'hui des pays émergents qui comptent à l'échelle internationale et sont membres du G20. • Ailleurs, certains pays pauvres se sont développés en attirant les chaînes de production des grandes firmes multinationales, qui n'hésitent pas à délocaliser leurs usines pour trouver une main d'œuvre nombreuse et bon marché. La nouvelle division internationale suit finalement les mêmes principes de ceux de l'industrialisation européenne du xixe siècle. Elle est cependant davantage mondialisée car, entretemps, les moyens de transport et les réseaux de communication se sont spectaculairement développés et modernisés, permettant une accélération des échanges et une multiplication des flux. • Dans ce contexte, plusieurs pôles économiques émergent. L'Amérique du nord reste l'un des trois pôles de la triade, avec une place dominante des États-Unis, qui bénéficient d'une grosse avance technologique et profitent de leur marché intérieur. La création de l'ALENA en 1992 (Alliance de Libre Echange Nord Américaine avec le Canada, un PDEM, et le Mexique, un pays « émergent ») a multiplié les échanges économiques intra zone. L'Union Européenne est le premier pôle économique mondial. Elle produit 28,4 % du PIBmondial et forme le premier marché du monde. Là encore, les échanges économiques à l'intérieur de la zone sont les plus importants. Le dernier pôle économique mondial majeur est la zone Asie-Pacifique, la plus dynamique économiquement avec des pays à très forte croissance comme la Chine (devenue la seconde puissance économique mondiale devant le Japon depuis 2010). Là encore, le commerce régional est essentiel puisque la zone est le deuxième pôle commercial mondial. Les investissements japonais (années 1980-1990) et chinois en Asie orientale ont été essentiels pour le développement de nombreux États de la région. 

Les chemins de la puissance

Les mémoires de la 2de guerre mondiale

Chine depuis 1949

Comprendre le monde

la mondialisation

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